Le temps de la réflexion - Saison 2: Le PS peut-il ne pas mourir?

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Vous avez le goût du défi ? Vous vous sentez transgressif ? Livrez-vous à ce petit exercice. Annoncez que vous vous rendez à une réunion organisée par des Socialistes. Au mieux, on vous répondra : « je te souhaite bien du courage ». Plus vraisemblablement, on vous regardera avec consternation et on vous dira : « ça existe encore ? ».

 

Dans le cadre des réflexions que j’ai engagées sur ce blog, j’ai souhaité moi aussi m’interroger : faut-il tirer un trait sur le PS et sur les idées que nous portons ?

 

Bien sûr, il reste un espace pour la Gauche réformiste. La demande de justice sociale ne s’est pas évaporée. Le besoin de concilier liberté et égalité n’a pas disparu. La concertation n’est pas l’ennemie de la décision.  L’attitude protestataire ne sert à rien si elle ne débouche pas sur des propositions.

 

Mais ce seul constat ne saurait suffire. Quatre enjeux au moins sont devant nous.

 

1. Du temps sera nécessaire pour reconstruire sans aucun tabou 

Face à la défaite subie, un simple « ripolinage » serait la pire des solutions. Certes, le temps médiatique exige des décisions rapides. Mais nous aurions tort de céder à cette urgence et de ne pas prendre le temps de la réflexion.  Au contraire, nous devons tout mettre sur la table et en débattre. Pour ma part, je ne suis pas fétichiste : ni de la rue de Solférino, ni du nom « PS » et encore moins de l’appareil. Mais parlons surtout du fond : notre projet, notre exercice du pouvoir, notre organisation, notre dialogue avec les citoyens…

 

2. Elargir le débat à la social-démocratie européenne 

L’échec électoral a été brutal en France. Mais c’est partout en Europe que la social-démocratie recule : en Allemagne avec à peine plus de 20% pour le SPD, en Espagne où la Gauche est divisée entre le PSOE et Podemos, en Autriche où le SPÖ ne cesse de reculer … Et le score inespéré du Labour Party au Royaume-Uni ne saurait masquer les profonds désaccords qui le traversent. Refonder notre doctrine, c’est donc aussi réfléchir à l’échelle européenne : quelle articulation entre solidarité et écologie, quelles nouvelles formes d'organisation du travail, quelles places respectives pour l’individu et le collectif, comment concilier action de proximité et vision globale, quels rapports entre identités locale, nationale et européenne à l'heure de la mondialisation? …

 

3. Refuser la synthèse à tout prix

Le dialogue et le débat sont nécessaires au sein d’un mouvement politique. Mais cela ne signifie pas gommer les aspérités. Acceptons qu’il y ait une majorité et une minorité pour clarifier la ligne politique. Et distinguons les questions de courants, trop souvent devenus des écuries qui dispensent des investitures aux élections, des questions de personnes. Cela limitera aussi les postures trop souvent justifiées par des calculs personnels ou par des intérêts de courant.

 

4.   Rénover les pratiques

Les citoyens perçoivent trop souvent les partis politiques comme des carcans. La distinction entre militant et sympathisant s’est altérée et l’organisation des primaires y a contribué. Le débat en section a perdu de son sens à l’heure des réseaux sociaux. Inventons de nouvelles pratiques en faisant preuve de plus de souplesse.

 

 

Dans quelques jours débuteront, partout en France, des ateliers de la Refondation. Ce sera l’occasion de poser toutes ces questions. Faute de le faire, il ne resterait plus qu’à verser quelques pelletées de terre.