Une signature bien opportune?

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Photo 264Triste constat que celui du journal Libération en début de semaine au sujet du bilan de la droite en matière de politique de la ville : « Le bilan de cette dernière ne plaide pas pour elle : promesse d’un « plan Marshall des banlieues » qui s’est dégonflé comme une baudruche, engagement non suivi d’effets de ramener la tranquillité dans les cages d’escalier, discrimination positive restée à l’état de discours, et aussi « Kärcher » ou « racaille ». Un quinquennat après ses belles paroles, difficile pour Nicolas Sarkozy de remettre la banlieue dans la boucle de sa campagne. D’autant que la situation de l’emploi, à l’origine de tant de frustrations a continué à se dégrader dans les quartiers. »


Un constat malheureusement confirmé dans les chiffres comme l’a rappelé Vincent Eblé, Président du conseil général, dans un récent courrier : « L’Etat ne peut plus continuer de demander une participation toujours plus grande du Conseil général, alors que le budget de la ville a été divisé par deux en moins de quatre ans. ».


C’est pourtant le moment qu'a choisi par le Maire du Mée pour transformer opération de communication la signature d'un avenant au contrat urbain de cohésion sociale (CUCS) en présence du préfet le vendredi 17 février dernier. Les CUCS sont des contrats initiés conjointement par le Maire et le préfet et sont destinés à mettre en place des actions coordonnées au profit des habitants des quartiers en difficulté. Bref, ils sont l'expression dans les territoires de la politique de la ville.


Je ne reviendrai pas ici sur la précipitation avec laquelle cette signature a, semble-t-il, été organisée, si j’en crois le caractère tardif de l’invitation qui m’a été adressée, à peine 24 heures avant la signature. Je n’ose en effet imaginer que cette invitation tardive soit le résultat d’un choix délibéré…


Je préfère m'interroger sur l'opportunité qu'il y avait de la part de la Mairie du Mée à vouloir s'afficher avec tant d'insistance au côté du représentant de l'Etat sur un sujet comme la politique de la Ville.


La chambre régionale des comptes avait en effet souligné dans son rapport publié en septembre dernier certaines insuffisances du CUCS du Mée signé en 2007. Je cite : « Ainsi, au total, le CUCS n’apparaît pas comme un moyen de mobiliser financièrement les acteurs partenaires de la politique de la ville, mais a surtout eu pour effet de confirmer le poids du financement pesant sur la commune.par rapport à ses partenaires ». Et concernant la participation de l’Etat, le constat est encore plus sévère : « La part de l’Etat, initiateur du projet, est en diminution en 2009 : 14,0% en 2007, 15,8% en 2008 (prévisionnel) et 12,3% en 2009. Cette participation s’est même réduite en valeur absolue passant de 219.314 euros en 2007 à 212 400 euros en 2009. ».

 

Ce n'est malheureusement pas le seul exemple du retrait de l'Etat dans nos quartiers, si j'en juge par les nouvelles suppressions de postes envisagées dans les Réseaux d’Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED) qui risquent de pénaliser à la rentrée prochaine les élèves des quartiers du Mée les plus fragiles (voir article sur ce blog : "Notre priorité: l'éducation")


Alors oui, quelle était l'urgence, à deux mois des élections présidentielles, de médiatiser la signature de cet avenant au risque de dédouaner l'Etat de ses responsabilités en matière de politique de la ville? Ah oui, j'oubliais, le Maire du Mée, soutenu par l'UMP aux dernières élections cantonales, ne s'intéresse qu'à l'intérêt local!